Sur le sol Ibérique les balbutiements de la tauromachie se font aussi bien à pieds qu'à cheval. Juché sur son fier destrier, le varilarguero armé de sa lance, est alors, l'acteur humain le plus important du spectacle. Il donne ses instructions aux hommes à pieds, les péons, qui attirent le toro à l'aide de capes.
Le cavalier reçoit alors la charge sauvage et désordonnées du toro dans un acte de bravoure inouïe s'apparentant plus à la chasse qu'au jeu taurin.
Le toro finissant par être lourdement blessé par les coups de lances n'était plus à même de combattre. Les péons se chargeaient donc d'achever la bête de manière somme toute anarchique et manquant cruellement de noblesse.
Certainement pour montrer leur extrême bravoure, certains varilargueros mettent pied à terre afin d'occire eux-mêmes le bicho. Gestes qui étaient prisés du public si bien que des hommes se perfectionnèrent dans la tâche mortuaire.
Francisco Montes Reina dit Paquiro fut un de ceux-là. Exécutant avec brio l'acte, il poussa la perfection à un niveau professionnel.
Lorsqu'en 1836, il théorise la tauromachie, Paquiro donne une place de choix au travail à pied et pousse peu à peu le varilarguero à jouer les seconds rôles sous le titre de picador.
La tauromachie telle qu'on la connait était née, du moins dans ses grandes lignes...
Généralités
Utilité et nécessité
Loin d'être une fin en soi, la première pique, ne révèle que peu de choses du caractère de l'animal.
En effet, le toro ignore ce qui l'attend.
Cette première rencontre doit impérativement être bien exécutée, brève, afin de motiver le toro à se livrer plus lors des piques suivantes qui elles seules permettront la mise en évidence du caractère du toro.
Plus il y a de piques, plus le torero place le toro loin du piquero.
Le toro ainsi mis en valeur, révèle son tempérament par l'expertise d'un châtiment dosé, progressif et adapté.
Déroulement
La théorie et la pratique
« Pour réaliser la suerte, le picador cite le taureau en positionnant son cheval en retrait du premier cercle tracé au sol, et de trois-quarts face à lui en présentant son côté droit […]
Début d'extrait du règlement taurin de l'UVTF 2024
- La pique idéale, nul ne sait si elle a existé. Néanmoins cela ne nous empêche pas, nous aficionados, de la remettre sur la table à l'heure où les discussions vont bon train quant à l'utilisation d'une énième pique moins pénétrante soit disant pour limiter l'impact de celle-ci lorsqu'elle est mal donnée (sic).
- La pique répandue existe, elle est même considérée par certains comme le canon du genre. Elle est acceptable à condition que le châtiment soit adapté, progressif et permette de "voir" le toro.
- La carioca n'est qu'un recours afin de piquer un toro manso. Dans tous les autres cas, il nous appartient, à nous aficionados, de la dénoncer.
A l'envers, à l'endroit
Il y a la bonne pique et puis, il y a la mauvaise
"[…] le picador doit piquer loyalement sans fermer la sortie du taureau. Il doit rectifier immédiatement la position de la pique si celle-ci est placée trop bas ou trop en arrière du morillo (sic). »"
Fin d'extrait du règlement taurin de l'UVTF 2024
Aujourd'hui
Avec l'avènement du caparaçon (1928), le piquero protégé et stabilisé, impose un contact prolongé au toro. Le dressage du cheval, compensant, parfois jusqu'à l'interdire, le mouvement naturel de poussée du toro, contraint l'animal à s'employer d'une manière différente : soulever, au lieu de pousser. L'affaiblissement des muscles extenseurs de la tête n'est donc plus obtenu par une action directe (pique dans le morrillo) mais indirecte sous l'effet d'un bras de levier décuplant la charge supportée par ces mêmes muscles. Ce mécanisme aboutit à une fatigue aigüe des muscles extenseurs du cou et des pattes avants (d'où les chutes fréquentes au sortir de l'épreuve).
Et la concours dans tout ça ?
Tentative de définition : La corrida dite « concours » représente la quintessence de la corrida, en ce sens qu’elle repositionne l’animal, le toro brave, au centre de toutes les attentions, de toutes les considérations. A ce titre, c’est lui que l’on va observer méticuleusement. Ainsi, tout ce que nous avons dit dans les pages précédentes sur le toro, ses qualités issues de la sélection au sein de son élevage, son comportement face au picador, son attitude durant le tercio de banderilles ou encore son comportement lors du dernier tiers, prend tout son sens. Et c’est en ça que la corrida concours est précieuse !
De manière plus pragmatique, la corrida concours est, comme son nom l’indique, un concours d’élevages (ganaderia). Ainsi, six toros issus de six élevages différents vont être combattus par trois toreros qui auront pour mission de faire ressortir les qualités de chaque toro et peut-être de mettre en évidence un toro vainqueur du concours.
Sorteo à l'ancienneté : A la différence d’une corrida « classique » en concours, il n’existe pas de sorteo à proprement parlé. Les toros sortent dans l’ordre d’ancienneté de leur élevage.
En premier, le toro issu de la ganaderia la plus ancienne, et ainsi de suite jusqu’au sixième issu de la ganaderia la plus récente.
L’illustration ci-contre montre la composition des lots dont découle l’ordre de sortie des toros en concours.
Des lignes en cône : De la corrida concours, le règlement taurin de l’UVTF n’en dit pas grand chose. Il en fait mention dans l’article 64, au sujet du marquage au sol :
« Dans le cadre de corridas concours, […], il pourra être décidé […] de tracer des lignes en forme de cône dont la partie évasée se situera côté barrière et le sommet vers le centre ».
Un tercio de piques soigné : Lors d’une concours, ce qui prime, c’est la mise en évidence, ou non, de la qualité première que doit posséder tout toro brave : la Bravoure.
Qualité qui s’exprime particulièrement lors du premier tiers (tercio de piques). Il est donc logique que ce tercio prenne une place plus grande que lors de corridas « classiques ».
On sera donc particulièrement attentif à la manière dont le toro réagit au sollicitations du picador. Bien évidemment comme dit dans le chapitre sur la pique, la distance à laquelle il est placé par rapport au cheval sera aussi un indicateur précieux de bravoure. Le matador joue un rôle essentiel dans cette mise en valeur du toro. En concours, la règle est claire pas de bon toro sans bon lidiador !