Accéder au contenu principal

Madeleine 2025 "tout pour faire une grande feria" #1 - Les élevages commentés

Depuis le début du mois de décembre nous connaissons, les élevages qui constitueront la colonne vertébrale de la Madeleine 2025. Et comme chaque année on nous promet une "grande feria équilibrée".

Qu'en est-il vraiment ?

L'hégémonie Domecq

Avec 3 fers issus directement de la branche Domecq et un issu d'un mélange Domecq-Nuñez, la Madeleine 2025 sera composée à 70% d'encaste Domecq quand en 2024 il représentait 50% de la feria. Cela reste une surprise surtout si l'on regarde les déclarations du président de la CTEM montoise au sortir de la Madeleine 2024 : "[les corridas de figuras] ne marchent pas, depuis des années, au Plumaçon" (Sud-Ouest du 29 août). Or, cela fait des années que nous observons que ces toros issus de ce mono encaste, imposés par et pour les courses de "figuras", n'apportent que  monotonie et déception. Rien n'y fait. On construit l'écrasante majorité du cycle 2025 autour de cet encaste et de ce type de corridas. 
Reste les 30% restant. La encore, guère d'originalité, du vu et du revu. Un seul encaste tient le créneau : Albaserrada.  Les deux élevages cumulent à eux deux 17 venues sur les 24 dernières années.

Fuente Ymbro, fer de lance du "Mediotoro"

L'élevage de Ricardo Gallardo a su s'imposer comme la référence dans la catégorie du "mediotoro". Ces toros sont forts, entrainés tous les deux jours sur  torodrome et présentent des comportements encastés et braves. 

En 2024, 47 toros du fers ont été vendus, pour 1 vuelta à Saint Sébastien et un indulto à Berja et 38 novillos, record de 2024, pour 2 vueltas à Sanlucar de Barrameda.

En ce qui nous concerne, le toro important est bien entendu Jazmin, seul toro indulté à ce jour au Plumaçon (2012, Matias Tejela).

Si on se penche sur les toreros de la casa, cela nous donne une indication supplémentaire sur ce que peut être le "mediotoro". Dans les 10 premiers noms des toreros ayant le plus accepter de prendre les Fuente Ymbro on trouve, en première position et de loin, Miguel Angel Perera, suivi de El Fandi, Finito de Cordoba, Matias TejelaEl Juli, Ivan Fandiño, Juan Jose Padilla, El Cid et Sébastien Castella.

L'élevage qui gagne des parts de marché

Créée en 2012 par un magna des détergents et géré par un héritier du représentant de la marque Mercédes en Espagne, on comprend vite que l'élevage de El Parralejo ne va pas faire dans le romantisme des encastes oubliés. Bâti sur la branche la plus en vogue du moment, Domecq par Jandilla, se positionnant sur ce fameux "mediotoro" qui a le vend en poupe, El Parralejo est là pour conquérir des parts de marché.

En 2024, Rafael Molina Candau a vendu 30 toros pour 1 vuelta (Séville) et 1 indulto (Las Rozas), et 7 novillos pour 1 vuelta (Campofrio).

Les 10 toreros acceptant de lidier les toros d'El Parralejo sont Gines Marin, Miguel Angel Perera, Pablo Aguado, Roman, Varera, Andres Roca Rey, Jose Garrido, Alvaro Lorenzo, Francisco Jose Espada et El Toñete.

Santiago Domecq sur un nuage

Les toros de Santiago Domecq feront leur présentation au Plumaçon cette année après avoir triomphé à Dax en 2024. Sur la même course Dacquoise, c'est pas moins de 2 vueltas et 1 indulto (Delicado par Clemente) que les aficionados de l'arène du parc Théodore Denis ont pu vivre. Plus généralement, on clame à qui veut l'entendre que 2024 a été l'Année avec un grand A de Santiago.

En 2024, la famille Bohorquez a vendu 38 toros pour 2 vueltas (Dax) et 2 indultos (Dax et Valence), et 2 novillos (Arles).

Du côtés des 10 toreros ayant le plus pris les toros de Santiago, on compte EL Juli, El Fandi, Enrique Ponce, Sébastien Castella, Miguel Angel Perera, El Cid, Morante de la Puebla, Daniel Luque, Cayetano et Gines Marin. Là encore, cela nous donne une idée du placement de la ganaderia dans l'échiquier taurin actuel.

Même la piquée...

n'en jetez plus on a compris le message, 2025 au Plumaçon sera l'avènement du "mediotoro" ou ne sera pas. En 2023, les novillos de Cuillé avaient été l'une des rares satisfactions du cycle avec une vuelta pour Bandolero lidié par le non moins intéressant Neck Romero (qui pour récompense ne sera pas reconduit en 2024 !)

En 2024, Dominique Cuillé n'a vendu qu'un seul toro à Riscle.

Pour les 10 toreros de la maison sont majoritairement français. On compte Manolo Vanegas, Tibo Garcia, El Rafi, Thomas Dufau, Dorian Canton, Yon Lamothe, Carlos Olsina, Maxime Solera et Esau Fernandez.

Du Torisme en mono encaste

En 2025, guère de diversité non plus sur le créneau Toriste. Ce sera Albaserrada, un point c'est tout ! On va pas se creuser la tête non plus !
En 24 ans, Victorino a vendu ses toros à Mont de Marsan pas moins de 14 fois. De 2000 à 2004 et de 2013 à 2019 sans discontinuer. Belle perf' !

En 2024 Victorino a vendu 76 toros pour 6 vueltas.

Parmi les 10 toreros abonnés au fer Antonio Ferrera et El Cid sont les plus assidus et de loin, puis viennent Luis Bolivar, Manuel Escribano, Diego Urdiales, Juan Jose Padilla, El Fundi, Emilio de Justo, Luis Miguel Encabo et Rafaelillo.

Chez le cousin de chez Escolar, c'est plus rustique, moins régulier. Mais c'est pas pour ça qu'on va aux arènes, non ? 
En 2024, 21 toros de chez Escolar ont été vendus et 12 novillos pour 1 vuelta à Hagetmau.

Du côté des 10 toreros qui s'envoient le plus les Escolar, on trouve Fernando Robleño, Rafaelillo, El Fundi, Alberto Aguilar, Gomes Del Pilar, Javier Castaño, Sergio Aguilar, Octavio Chacon, Domingo Lopes Chaves et Juan Jose Padilla.

-------------------------------------------------

Le Mediotoro en guise d'équilibre

L'édition 2025 est marquée, comme nous venons de le dire par la branche Domecq par Jandilla. C'est une tendance de fond dans la tauromachie actuelle. Les plazas à l'identité affirmée se font rares. La majorité des arènes actuelles se tourne vers un toro qui donne l'illusion physiquement et qui en piste apporte des gages de régularité pour les toreros. Ainsi, les cartels sont plus faciles à monter, car le "mediotoro" rebute moins que le "vrai" toro que l'on peut retrouver dans la sensibilité toriste. C'est une sorte d'en même temps taurin. Un entre deux, un sucré-salé ni bon ni mauvais qui se transforme dans la bouche des décideurs taurins en l'adjectif tant loué : "équilibré". Nous on cherche encore l'équilibre. On reste clairement dans la sensibilité toreriste, sans l'ombre d'un doute, mais avec la présence d'un toro mieux fait en piste. Au niveau diversité, point d'équilibre à chercher non plus. L'écrasante majorité est remporté par la branche Domecq et sur les deux créneaux toristes, on ne s'embarrasse pas longtemps, on prend du Albaserrada un point c'est tout. 
La Madeleine 2025 a "tout pour faire une grande feria"...de mediotoro.

Sources : l'excellent site de Thomas Thuries www.terredetoros.com