Crédit Photo - Peña Los Pechos© |
En ce dimanche pascal, les cloches taurines ont déversé des novillos en chocolat sur les coquettes arènes de Condrette, joliment garnies.
Les 6 novillos de chez Balatasar Iban étaient de purs bonbons, à différents degrés (mention spéciale pour le cinquième de l'envoi, un bonbon de chez bonbon tout droit sortie de la fabrique de Willy Wonka).
Malheureusement, quand il y a trop de bonbons, les enfants ont tendance à gâcher. Les novilleros du jour ne feront pas exception !
A commencer par Alejandro Peñarranda qui fut hors de propos, décroisé, désarmé, déconfit devant son premier, petit novillo noir, n°64, plutôt commode d'armure (basse et courte) et de présentation mais qui montra de réelles qualités de bravoure au cheval et qui ne demandait qu'à être croqué gouluement. Alejandro n'en fit rien, ne trouvant jamais ni la distance, ni le sitio, ni, comme nous l'avons dit, sa muleta. Demie vulgaire. Du gâchis ! Silence et applaudissements discrets à l'arrastre.
A son second, un autre bonbon, castaño, de gabarit respectable, aux cornes tout aussi commodes, saccagé à la pique, Alejandro fut tout aussi consternant et peut-être même méprisant. Il y a des novilleros qui meurent de faim et d'autres qui gaspillent ! Silence et silence à l'arrastre.
Alejandro (un autre) Chicharro, trouva dans son panier un petit (lui aussi) novillo noir aux cornes grossièrement épointées, franc, à la noblesse encastée, qu'il accueillit bien à la cape. La mise en suerte sur la première pique fut appliquée et permit une bonne première pique en place et poussée. La seconde fut plus laborieuse, tant au point de vue homme à pied qu'à cheval. Le novillo, lui, répondant bien aux sollicitations, ne s'employa que timidement.
Chicharro se trouve donc dans les meilleures dispositions pour entamer le dernier tiers. Le début est bon. Il donne de la distance à son novillo qui répond avec envie et prestance. Mais sur une fin de série un peu serrée, le novillo perd son sabot avant gauche. Puis rapidement après le sabot avant droit. Fin de faena pour nous...
Entière passée, tombée en travers. Oreille et applaudissements sincères à l'arrastre.
2 oreilles et ovation à l'arrastre avec le voisin qui demande avec ferveur la vuelta (sur une monopique !).
Le n°27 était un novillo bien fait que Tomas Bastos reçut à la cape sans personnalité et fit piquer lourdement. Tomas posa les banderilles. Toutes à cornes passées et exclusivement sur la corne droite. Décentré, sans sitio, toréant mécaniquement sans voir les qualités réelles du bonbon qu'il était en train de gâcher, Tomas fut hors de propos.
Entière passée, descabello et applaudissements à l'arrastre.
Son second, n°25, de présentation correcte, aux cornes grossièrement arréglées, sera lui aussi lourdement piquée sur la première. Tomas rejoue la scène du premier : banderilles à cornes passées, toutes sur la même corne, travail hors de propos, mais ce coup-ci en musique ! Alors oreille !
Grande estocade engagée, mort longue, pétition poussive, oreilles et applaudissement à l'arrastre.
NOTRE BILAN :
- lot diversement mais correctement présenté, aux cornes plates, basses et trop souvent douteuses. Encasté dans l'ensemble, parfois brave, généreusement noble, qui ne demandait qu'à être toréé !
- les novilleros passent tous à côté des qualités des novillos, même si Chicharro s'en sort le mieux, il est loin de mériter trois oreilles.
- du point de vue de l'aficion, on ne passe pas un mauvais moment, heureusement car la course est longue (trois heures), mais nous n'avons pas trouvé le Baltasar Iban que nous étions venus chercher avec les souvenirs de l'édition 2023.