On a vu des saumons remonter l'Estampon, pour se reproduire et mourir avec le sentiment du devoir accompli. La transmission est sur les rails. La descendance assurée.
L'arène de bois, monumentale plantée au milieu des pins, tient du refuge. Celui de l'aficion qu'il faut transmettre. Lègue dans un dernier souffle avant le grand voyage. Avant qu'elle ne se meure.
Les Yonnet qui en ont imposé, ont rappelé que la tauromachie passait d'abord et avant tout par un toro. Souverain, imposant, roi de la piste.
Ils ont aussi demontré, malheureusement, que des cuadrillas capables de toréer des toros, des vrais (novillos ou non), ça ne courait pas les rues. Dimanche, il fallait être à Roquefort. Pour la tauromachie, pour sa défense, pour sa transmission. Il fallait remonter le courant, nager à en perdre haleine, la vie, pour voir ces Yonnet, vrais, grands, forts, uniques, puissants, seigneurs du ruedo, vérité d'une tauromachie qui aujourd'hui se ment à se perdre dans une débilité infirme où toreros se muent en infirmiers, où triomphe se confine au soin. Nous nagerons à contre courant, buvant le calice jusqu'à la lie, tant que Roquefort fera de la tauromachie, quand ailleurs on se persuade d'en faire. Tant que des Yonnet tiendront à eux seuls une tarde démontrant par leur simple présence l'impalpable fossé entre le brave divin et le simple mortel. Dimanche il fallait être à Roquefort, car nous sommes des saumons qui devons nous reproduire. Transmettre, perpétuer LA tauromachie. Dimanche, il fallait être à Roquefort, parce qu'il y eut course. Dimanche, il ne fallait être qu'à Roquefort, car nous étions vivants !
Va pour ti Laurent, Gilles, Victor, Cédric, Pierre (les 2), Patrouille, Marc, Gaël, Bernard... Et surtout Charlotte.
Le jour où nous nagerons dans le courant, ce sera pour y mourir !
Va por ti, Roquefort.