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Humeur de janvier : Le vent du boulet


Comme à chaque début d’année, nous commençons à voir la fin du tunnel de cet hiver sans toro. Les premières prédictions sur les compositions des férias à venir vont bon train, quelques fuites de cartels potentiels apparaissent, et les tientas reprennent dans les campos.

Pourtant cette année, quelques images cauchemardesques se sont immiscées dans nos rêveries de sable, de sang et de cornes.

Ce coup-ci, on a bien senti le vent du boulet d'une loi qui, même si elle n’a pu être débattue et encore moins votée à l’assemblée, a fait courir, qu’on le veuille ou non, un frisson d’angoisse le long de l'échine du monde du toro et planer l'ombre sombre de l'abolition sur l’ensemble du territoire national.

Certes, on peut se rassurer en se répétant qu’on sera toujours plus nombreux que ces extrémistes, se persuader que nos traditions sont trop ancrées pour être balayées d’un revers de manche par une assemblée de députées trop éloignées de nos contrées ; il n'en demeure pas moins que la menace se rapproche, se matérialise et se médiatise un peu plus chaque jour.

Notre réaction sera, dès lors, attentivement scrutée, chirurgicalement disséquée, nous imposant l'intégrité tout en réduisant considérablement notre droit à l’erreur.

Oui mais voilà, le mundillo est un monde à part. 

Alors que n’importe quel milieu se serait serré les coudes et recentré sur sa sauvegarde, les principaux acteurs du monde taurin eux, semblent décidés à accélérer le pillage des ressources culturelles taurines. Dans ce monde post COVID, ostensiblement acquis au bien être animal, les toreros n’ont jamais eu de prétentions financières aussi démesurément déconnectées, les organisateurs des ambitions aussi peu originales et diversifiées, et les municipalités des comportements aussi consternants, fonctionnant en surenchères égoïstes là où une entente coopérative permettrait de capitaliser sur le long terme.

Le déclin de la fiesta brava est amorcé...

...et sa fin annoncée et espérée par nos adversaires mais, ne nous y trompons pas, le ver le plus dangereux du fruit est celui qui vit à l'intérieur et que nous nourrissons goulument de notre propre main depuis tant d'années.

Malgré tout, nous voulons croire qu'il est encore temps d'inverser la tendance mais cela demande de sortir des postures et des beaux discours pour éviter qu'à terme le boulet qu'on a senti passé ne soit enchaîné à nos pieds et nous attire définitivement au fond.