Pour ce troisième acte, nous avons décidé de nous (vous) replonger dans un souvenir plus intime, plus local.
Nous sommes en 2012. Le dimanche 22 juillet pour être tout-à-fait précis. Deux jours plus tôt, le Plumaçon venait de vivre son premier indulto. Jazmin ; torito de Fuente Ymbro...
En ce dimanche de clôture, 6 toros d'Escolar Gil pour la légende. Trois toreros de respect absolu : Fernando Robleño, Javier Castaño et Julien Lescarret (pour ces adieux aux ruedos) accompagnés de leurs cuadrillas pour l'honneur et le courage. Une présidence pour l'aficion ; la vraie, la seule, l'unique !
Extrait du Recuerdo 2013
Son las siete y media de la tarde...Les clarines retentissent permettant au portillon marqué "toril" de se déverrouiller, laissant ainsi entrevoir la silhouette antique d'un animal hors norme. Avant lui, d'autres ombres chinoises avaient gravé sur notre pupille des images forçant le respect. "Mirlito" fut une de celle-ci. Quatrième Escolar, dont le berceau digne de l'envergure des bras du Christ Rédempteur du Corcovado aurait dissuadé le plus téméraire des légionnaires.
Et des légionnaires, il y en eut !
Et des légionnaires, il y en eut !
On pense tout particulièrement à Julien Lescarret. Plus vrai et juste que jamais, qui laisse pour dernière image celle du torero qu'il a toujours été, intègre et honnête. Tout le monde ne peut pas en dire autant.
"Canario" ! Patronyme d'un petit oiseau jaune, inoffensif et siffleur, rien à voir ! Mais allez lui dire, vous, que son pseudo il sonne trav' de chez Michou. Dans sa volière de sable "Canario" se veut incontrôlable, indomptable, libre et opportuniste. Javier Castaño fut le premier dommage collatéral de cette guerre qui s'est jouée sous nos yeux.
Il est 19h40, mas o menos, quand le chaos règne sur le champ de bataille. Canario est le chef du ruedo et compte bien le rester...
Fernando Robleño qui pensait en avoir fini avec cette tarde de toros épaisse comme un pastis sans eau, en chef de lidia, reprend les outils.
Pendant ce temps, le vaisseau Canario est parti cinq fois à l'abordage de la cavalerie. Mais le pavillon noir est toujours hissé et la gueule toujours fermée du capitaine de navire n'augure rien de bon.
De patron, il n'en restera qu'un ! Canario versus Fernando...
En trois séries criantes de vérité et de courage flirtant avec la folie, Fernando s'impose comme le seul roi du ruedo. Reculer ? Certainement pas... juste se pencher pour pouvoir allonger quelques passes et obliger Canario à suivre le leurre. Canario ne s'avoue toujours pas vaincu mais force est de constater qu'il n'a plus le dessus.
A présent, il est canalisé, dressé, éduqué en un mot dominé.
19h55 peut-être, il est temps d'en finir. Fernando se place. Son visage est figé.
Il porte à présent le masque de celui qui va tuer. Avec ses tripes, son honneur, en un mot ses couilles. Une entière venue d'ailleurs. Une de ces estocades qu'on nous décrit dans les livres mais qu'on n'a jamais vue en vrai. Une de celles qui vous font dresser les poils des imberbes et les tifs des chauves. Monstrueux ! Avec une course comme, ça notre aficion elle en reprend pour dix ans ferme !