L'art à première vue ça se déplace en bus. Artistique le bus. Noir, sérigraphié, d'une discrétion appréciable qui en dit long sur l'humilité de son propriétaire. Et si le doute vous habitait encore la devise inscrite sur les flancs du véhicule ostentatoire à souhait, en lettres d'argent, devrait finir de vous convaincre « El arte no tiene miedo ». Je sais pas s'il n'a pas peur l'art, mais en tout cas il a un ego « comme as ». Et c'est là qu'une question s'insinue insidieuse comme une évidence : les Picasso, Miro, Dali et autres Braque et Vasarely ils se déplaçaient comment ?... Bref, un boulard le mec !
Mais quand t'annonce la couleur comme ça, il faut pas se planter, et c'est là que c'est drôle. Morante, ces deux toros il est passé à côté. D'aucuns vous diront que c'est à ça qu'on reconnaît les grands artistes, ils fracassent plus qu'ils ne triomphent. Mais quand ils triomphent... !!! ... Mouais un peintre qui peint plus de croûtes que de chefs d'oeuvres vous appelez ça comment vous ?
Après avoir bien rit, passons au digestif. En plein milieu du repas, bin j'y peux rien c'est le cartel qui est monté comme ça. Les types ils te foutent la Manzana après du lard et un cigare... C'est de l'art on vous dit !
JMM, lui, donne dans le surréalisme. Tu crois que c'est de la tauromachie mais en fait c'est une évocation de tauromachie. Se croiser devient un concept, baisser la main une allégorie et le fuera de cacho une triste réalité. Comment terminer un « hapening » comme celui là, un récibir à peine forcé. On est dans le pathos le plus total, entre le plagiat de Pollock et la croyance mordicus dans le monochrome de Whiteman. De l'art on vous dit. Il sort quand même à hombros, bin oui « el arte no tiene medio » ... ni du ridicule !
La représentation se termine avec Thomas DUFAU qui comprend l'ennui général qui a gagné les gradins depuis la sortie du premier cornu. Alors on se fout à chanter dans les gradins. Ça réveille c'est bien. Thomas s'applique à amener de l'émotion puisque les bestiaux n'ont même pas eu cette politesse. Il reçoit son second avec une porta gayola et livre une faena templée conclue par deux pinchazos et un descabello. On est loin de l'art profond de la tauromachie la vraie mais le salut n'est pas usurpé.
Au sortir de la course, on avait mal au cul, on se frottait les yeux comme après une sieste crapuleuse, on baillait et y avait comme une odeur de pieds...
Le "Nin Gorg" Lavidale