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Madeleine terminée, les yeux encore un peu cernés de fatigue et de tristesse entremêlées, les hestayres que nous sommes, sont souvent désœuvrés...
Alors pour circonscrire cet ennui lattant on reprend les journaux de la semaine passée, savamment accumulés par ordre chronologique dans le tiroir gauche du buffet en formica de la cuisine de papy et on s'adonne à une lecture carnassière et dévorante des comptes rendus de notre Madeleine à ce jour disparue !
Mais que vient-on réellement y chercher dans cette lecture. Une satiété nécessaire à notre manque patétique de rituels, de traditions, de culture et d'aficion. Ou tout simplement un témoignage au plus proche du réel que nous venons de vivre. Nul ne sait. Toujours est-il que nous le faisons tous. Comme un passage obligé pour se "désintoxiquer" de Madeleine, pour faire notre deuil.
Au fil de nos lectures nous avons droit aux récurrentes annonces d'auto-satisfaction des huppés montois. Qui de dire que le rythme est bon, que les gobelets à la mode Ecocup sont une réussite, que les bandas jouent trop fort quand ils mangent chez Garbage et que les corridas sont d'années en années de plus en plus "extraordinaires". Le discour type du narcissique montois qui a passé sa Madeleine en pantalon slim blanc de chez Ralph Lauren et chemise Azzaro bleue surmontée d'un pañuelo bariolé bleu et blanc à siroter du champ', grignoter des petits fours en guise de tapas et assister à toutes les corridas en callejon à applaudir tout et n'importe quoi pour ne pas avoir l'air trop con !
A ce stade, la moutarde nous monte au nez ! Alors on se dit que Madeleine à plusieurs visages celui d'en bas (le callejon invité) et celui d'en haut (le soleil qui paie).
Alors on se frotte les yeux on se gratte les cheveux et on se dit qu'il est temps de poignarder Narcisse et de se choper Echo dans les fourrés.
Madeleine n'est pas un parc d'attraction où tout est beau, réussi et où il est nécessaire de trouver un "intérêt" chaque jour sans quoi nous serions banis de la confrérie des "Férias typiques du Sud Ouest". Madeleine est ancestrale, traditionnelle et cyclique, il en devient donc normal de vivre des années avec et des années sans. 2013 est clairement une année sans. Sans "étincelle" c'est une évidence, sans toros majeurs c'est un constat et sans rythme c'est une affirmation. Madeleine n'est pas une fête de jour, le mercredi soir était clairsemé, le jeudi après-midi on s'y est emmerdé le vendredi aussi ! Reste le samedi et le dimanche. Deux jours sur cinq à trouver du monde dans les rue à 15h, ça ne fait pas de notre MAdeleine une fête de jour. Dax est une fête de jour, Bayonne également et Pampelune n'en parlons même pas. Mont de marsan, non !
"Extraordinaire"... les courses de 2013 ? Surement... Extraordinaire de part le taux de remplissage, l'abondance des trophées distribués par des présidences incapables autant qu'imbéciles qui viennent chaque jour violer l'intégrité des spectacles taurins et salir l'identité du Plumaçon. Mercredi les Fuente Ymbro ont été inexistants, à mille lieux de ceux de 2012. La course de Nuñez Del Cuvillo fut digne des heures les plus célèbres de l'Ecole de Fans de Jacques Martin se finissant sur un trophée pour chaque "figura" pour ne vexer personne. Le paroxisme du vulgaire fut atteint le vendredi avec ces pauvres toros de Joselito sans race, ni caste qui furent tués au rabais par un Padilla plus tremendiste que jamais pour le plus grand bonheur d'un public "festif". Samedi ne fut qu'une tarde banale de toro avec des fantômes de chez Victorino ravivés par le pundhonor d'Aguilar (heureusement). Dimanche, se confine à un mano a mano inopportun devant des Escolar arrêtés et un Rafaelillo surmotivé.
Certes il y a eut des Madeleine bien plus "pétardantes", mais de là à vouloir en faire une édition "extraordinaire" il ne faut pas exagérer.
Bref, les bilans sont faits pour être objectifs. Du bord de l'eau certainement que le reflet est beau, car Narcisse peut s'y mirer jusqu'à en oublier son propre statut d'invité, mais de la file 8 soleil il n'y a pas de quoi y mettre un centime de plus !